mercredi 29 avril 2015

Déconfit

Tremble au trépas des dépassés
La terreur nocturne de ces cauchemars tonitruants
Brusquant dans l'image déconfite
Le réveil en pluie de sueurs froides
Masquant l'odeur délaissé
D'une caresse jadis déposée

Strident dans l'écueil 
D'une chute vers le noir
Point de mire en cible fléchée
Dans l'oubli planifié
De son déclin purulent
Déconfit





mercredi 22 avril 2015

Pelegrino

Chemin en pente
Traverse la prairie de son départ
Miroiter étant révolu
Partir était de mise

Vert de gris
Vert de lande
Verdure
Vert tendre

Détour en rade 
Méandre sur méandre
La route se tisse au soin de ses fils
Pour qu'étoffe en elle naquit

Pavé à demi foulé
Fleurs des champs parsemés
Pour les yeux d'admirer
Beauté

Pèlerin en apnée d'être
Doutes sur doutes
Les pas de sa foulée
Grattent le sol, martelant sa solitude

Tête sur plein à vider
Tressaillir
Sourire en pourtant
D'une conviction émergée 

Croquer le vif
Au cœur de sa vie
Ritournelle en carrousel
Survivre à son passé, vivre

Brise en souffle chaud
Velours sur l'endolori
Divulgue sa bonté
Cajolant en baume pansé

Étau en pression
Se détache de son écueil
Pour que libre à présent
Chemine celui marche

Dépossédé de ses attaches
Assise en fausse sécurité
Se ruine d'inutilité
Pour que naisse la liberté

Léger et plume
Survole en ciel
L'esprit libéré
De l'authenticité






Matin maussade

Miroir ébréché
Reflet hachuré
Image en déclin 
Je regarde
Et rejette
Détourné de moi
J'abandonne

Sourire en berne
Mes larmes 
Perles en pluie
Modulent mon visage
Usé et amer
Gris et cendre

Brasier en braise
Souffle souffrant d'être éteint
Sommeille dans l'attente
D'une nuit permanente
Pour de demain
Témoigne d'un hier révolu


vendredi 17 avril 2015

Nycthémère

Légère ?
Volatile ?
Volage ?
Ses mœurs en écume
Brillent de leur absence
Sur un lit froissé en permanence
Par les nuits de sa passion menée 
Nycthémère en embrun
Sur un calendrier barbouillé
Désirs monnayés à coup de satisfaction
Brouille la nature même de son corps
À jamais usé...

mercredi 15 avril 2015

Et non celui d'après...

Miel de rose, je peints de soleil de nuage sur une toile de 

volupté. Coussin bénéfique que ce bonheur passager, je 

m'égare au gré du sommeil qui me hante les paupières. 

Brume en songe, je divague de bleu et de jaune 

en arc-en-ciel 

de mosaïque en lavis bicolore.  Noyau en joyau, je pars en

moi telle une étoile chaste sur une valse délicate. Pourquoi 

donc, la vie peut-elle s'offrir en de si jolie teinte lorsque l'on 

hume? S'arrêter, oui, s'y arrêter et pourquoi pas... y prendre

 goût? Simplicité dans la choix qui est l'évidence... seul la

 complication se plait à nous rendre impossible ce délice

 suave qu'est l'instant présent et non celui d'après...

vendredi 10 avril 2015

Ô espoir...

Dans le soupir
Tendre dans le noir qu'il inspire
Un décret fut nommé
Sur un nappe de mauvais augure
Silence en tourment
D'une nausée apparente, imminente
Constat d'une descente sociale
Vers cet égout amoral
Destin en proie de son agonie
La vrille du bistouri
Sape le mince tissu social
Réduisant ainsi au statut de misère
Le journal d'un quotidien
Vivre sous un seuil acceptable
D'une misère croissante
Ô espoir, Ô tendre espoir
Pourquoi te retires-tu de nos vies 
Pour n'y laisser que le vide 
Béant, séant, décan
Tête en moins...




mercredi 8 avril 2015

Au fil du temps

               Au fil du temps, s'estompent tes traits. Chaque jour, un peu plus, j'oublie de toi. Et je n'y reviens pas.

              La nuit, je ne rêve plus de toi. Plus de cauchemars, de dédales interminablement noirs ni d'entrevues nocturnes inattendues. La douche ne m'est plus insupportable de fatigue. Je ne te vois plus dans mon miroir. Je ne t'entends plus cogner à mon cœur. Je ne redoute plus tes appels suppliants ou colériques. Je ne t'imagine plus devant la porte. Tu n'occupes plus la première parcelle de mon esprit divagant dans les marécages.

               Au fil du vent, si je surveille encore la route, c'est dans l'espoir de ne pas t'y voir. Si ce bruit me fait encore réagir, il me rassure de n'être pas tien. Si cette phrase résonne encore c'est de ton inconséquence. Si tes mots ne me manquent pas c'est parce que je les ai noyés, eux aussi, dans le marais ce jour-là.

               Au fil de l'eau, j'ai jeté tes oripeaux.

Aubrée


  

mardi 7 avril 2015

Au bout du compte

Petit texte "pondu" lors d'un quatrième atelier d'écriture avec des auteurs plus que formidables. Ce n'est pas le texte d'origine. Je l'ai retravaillé tant le sujet m'avait inspiré.


Cette nuit là, tes yeux se portent une fois  de plus sur le radio réveil posé sur ta table de nuit. Il est trois heures du matin… Et tu voudrais dormir.

Chaque insomnie ressemble à la précédente, agaçante, sans fin. Un sablier du temps où les minutes s’accrochent à l’éternel, où même les secondes se perdent dans les marais de l’ennuyeux.  Un sinistre cauchemar que d’écouter le réveil se transformer en un gigantesque métronome ouvrant une large gueule sur la partition de la marche funèbre. Et sentir te lécher, son inquiétant mouvement de va-et-vient - narcotique, monotone - mais pas assez soporifique pour t’emporter dans cet Eden où se reposent, à l’ombre d’un olivier, tes rêves les plus vivants. Ton cerveau ne doit pas se perdre dans le désolant tempo de l’infernale machine, pourtant… Il est déjà trop tard. Chaque paroi de ton crâne se fait l’écho assassin de l’obscur « tic-tac ».   

Tu compte-mouton.

Une fois, deux fois, dix fois… En sachant, qu’au douzième mouton, tes pensées t’emporteront, comme à chaque fois,  bien loin de cette verte prairie, où tu joues tes espoirs de sommeil.
Souvent, tu les peins  en rouge ces moutons, en bleu, en nuit et il t’arrive même, parfois, de les éclabousser aux mille couleurs de l’arc-en-ciel. Souvent, ils bêlent « frère Jacques » à la manière d’un slam d’aujourd’hui. Un son de cloche en fond sonore : Toi, le dingue, l’esprit dérangé entre le ding et le dong. Souvent aussi, tu les imagines à la queue leu leu, brin de paille dans la gueule, marchant au pas sous un air de vieille guinguette. Et trop souvent, au bruit de l’affreux tic-tac de ton réveil, tu deviens l’assassin aux yeux rougis par la fatigue La tondeuse aiguisé à la main, tu tonds ces moutons pour grand-mère qui tricote le fameux bas de laine qui camoufle tes nombreux somnifères. Et presque toujours : Le drame.

Alors tu compte-kébab.

Mais là encore, la lune reste accrochée à son ciel et les étoiles se moquent de toi. Les filantes défilent devant ton regard lassé de regarder. Les autres s’éclairent à la nuit en perçant l’obscurité de plusieurs centaines de coups de lumière.
Comment réussir à dormir quand l’esprit un peu fou te joue de ses pensées ? Te voilà, submergé par un flot de banalités quotidiennes qui s’échouent sur les plages de ta raison. Tu voudrais en faire des châteaux de sable, mais tu ne réussis qu’à retourner ce pauvre seau rouge, orphelin de sa pelle et de son râteau, engloutis à jamais dans ces sables mouvants.
Dehors… Une chouette crie. Tu voudrais la faire taire. Elle persiste dans son chant de nuit, comme pour te rappeler que l’obscurité est, comme toi, toujours réveillée. Bien sûr, tu penses au vieux fusil de papa, rangé depuis des années dans la penderie du bas. Bien sûr, tu ne fais qu’y penser. Mais il te plait d’imaginer cet oiseau nocturne cloué, tel un Christ aux larmes statufiées, sur une planche de bois aux contours taillés à la hache. Et d’entendre son cri figé dans la moue pathétique de son bec entrouvert.   
Ploc, ploc… Voilà autre chose… Quelques gouttes de pluie qui s’acharnent à « mélodier » ton univers.

Donc, tu compte-goutte.

Et au bout de douze gouttes, tu t’en abreuve ta gueule de géant et tu ris, tu ris, tu ris à t’en faire… Réveiller un peu plus.
Fichue pluie, fichu chouette… Fichue nuit.


Dehors le jour se lève… Il est 6h 15

Tu n’as toujours pas ressentis la douceur des bras de Morphée. Et d’ailleurs ? Où est-elle donc passée cette traînée ? Sans doute sur l’oreiller moelleux d’un marchand de sable à la libido trop débordante. Hummm… Se laisser border par des doigts de fées… Hey là… Tu t’égares vieux ! Comment veux-tu espérer quelques heures de sommeil si tu t’imagines caresses et autres voluptés.

Alors tu conte de fée 

…Ou plus précisément,  tu comptes fleurettes aux nombreuses fées mythiques qui s’amusent depuis peu à te souffler nature et mille frissons fleuris sur le doux de ta peau nue et fiévreuse. La douzième, fée des eaux et fille de l’Océan, navigue dans ton esprit en tourbillonnant d’un chant hypnotique pour capturer encore un peu plus ton insomnie tempétueuse. Alors tu sèches ces sueurs salées comme tu le peux sur le drap blanc trempé et, en fond de cale imaginaire, tu jettes sirènes et autres créatures féminines. Quelques gouttes d’huile parfumées à l’olive ou aux graines de tournesol et les voici stupides sardines dans une boite de thon. A défaut de dormir, tu t’amuses plutôt bien !
6h16… Bientôt l’heure de se lever.
Se lever ? Se lever de l’enfer de ton lit cercueil qui t’emprisonne les rêves. Tu n’as même pas fermé l’œil… Tu as juste compté.
Compter pour du beurre.
Courage vieux… café noir, sans sucres, une bonne douche pour effacer les cernes de cette nuit dévastatrice et au boulot… Un boulot où tu dois encore et encore compter les boulons et les écrous. Les boulons, par lot de dix dans la boite bleue, les écrous par lot de trente dans la boite rouge… Un, deux, trois… Pas une de plus, pas une de moins : Tu comptes rond. Et tu jettes dans l’oubli quelques pièces « tâchées » aux cicatrices de différences, celles que personne ne veux.

Cela fait soixante-trois heures que tu n’as pas dormi, enfin, tu sens le sommeil te gagner.

Le marchand de sable vient enfin de te balancer sa mixture dans les yeux… ça te gratte, ça te pique. Tu ressens lentement le doux chant d’Hypnos sur l’effleure de ta peau, comme le frisson poétique d’une prose chuchotée sur le grain du papier. Le soleil tente de t’éblouir une dernière fois.

En fin de compte… Tu ne comptes plus. Ni pour le jour, ni pour la nuit… Un laissé pour compte !

Sur la table de nuit, à côté du réveil, te nargue la boite de barbiturique tragique, dans laquelle on ne peut plus compter son contenu, si ce n’est dans ton estomac endormi.

Le compte à rebours peut alors commencer…